lundi 23 décembre 2024

A LA PLAGE

 



Tout début novembre 2024, une température clémente a permis à l'équipe RUBENSHUIS 2 de faire une séance de photos à la plage avec les nouvelles serviettes, aux motifs repris à Chardin, Poussin, G. de La Tour, Guido Reni. 

Elle peuvent être accrochées au mur d'un centre d'art ou allongées sur le sable. Les deux situations leur conviennent.

mardi 17 décembre 2024

PIETER AERTSEN

 


Vue brièvement à l'atelier avant son départ pour une collection privée, cette grande copie d'après Pieter Aertsen, à l'huile sur 9 feuilles de papier.

INTRODUCTION AU DEBAT DE LORMONT 17/12/2024

 


Bonjour, je m’appelle Philippe Baryga. Je vis depuis une dizaine d’années à Libourne, mais ma formation artistique s’est déroulée à Lille, dans le nord de la France. C’est une région frontalière, et je passais mon temps à aller voir des expositions d’art contemporain en Belgique, en Hollande, en Allemagne, qui étaient des pays très actifs dans ce domaine. Je ne jurais que par l’art contemporain, un art qu’on qualifiait de radical. Vous connaissez ce mot, c’est un terme de grammairien et de botaniste qui désigne la racine. Un art radical questionne les racines mêmes de l’art, il agit en profondeur. Radical, ça signifie aussi qu’il y a rupture avec le passé. Je n’ai pas toujours eu un rapport épanoui avec l’histoire de l’art.

Dans ce milieu de l’art contemporain, il y a un événement important, c’est la biennale de Venise, où l’on voit l’art le plus récent, le plus avancé. Je me suis rendu à la biennale de Venise en 1999, et là j’ai été complètement retourné. Je logeais dans une petite maison à côté de laquelle il y avait une autre maison qui portait une plaque : ici a vécu Véronèse. J’étais le voisin de Véronèse, et dans les églises, tout autour, je voyais des tableaux ou des fresques de Véronèse, de Tintoret, de Bellini, de Carpaccio.

J’ai eu l’impression d’être chez moi : je comprenais leurs couleurs, leurs formats, le rapport à la narration, les effets de motifs ou de textures. Comme j’étais venu pour de l’art actuel, je ne voyais pas ces tableaux comme de l’art ancien, ils étaient aussi actuels que ce que je voyais à la biennale. Ça, c’est une posture qu’on appelle post-historique, et qui consiste à considérer que tout art m’est contemporain puisque je le considère ici et maintenant. J’ai commencé à copier des tableaux des 15e, 16e, 17e siècles, à la gouache sur papier, en allant assez vite. C’est dans cet état d’esprit et ces conditions qu’a été réalisée cette petite gouache d’après Georges de La Tour.

Il y a toute une histoire de la copie en art. Matisse a beaucoup copié Chardin, par exemple. Picasso a copié Delacroix, Manet, Poussin. Je donnais à l’époque un cours d’histoire de l’art à la fac. Et plutôt que d’expliquer des chefs d’œuvre dans l’ordre chronologique, ce qui est assommant, j’ai commencé à demander aux étudiants de choisir un vieux tableau européen, d’avant 1800. Ils avaient 3 heures pour le copier – alors que ce n’étaient pas des peintres ou des artistes-  et ensuite ils pouvaient m’en parler, me l’expliquer. C’est une pédagogie de l’art par la copie. Dans toutes les écoles d’art provinciales, on se prête à cet exercice de la copie, c’est très humble : on assume qu’on n’invente absolument rien. Dans le domaine de la musique populaire, ça s’appelle la reprise.

Depuis plus récemment, j’ai choisi plus consciemment de copier des tableaux qui présentaient une certaine actualité. C’est le cas de celui-ci qui montre la famille de Loth fuyant la destruction de leur ville, Sodome. Des anges déclenchent une pluie de météores, on appelle ça « le feu du ciel ». C’est un bombardement. Quand j’ai commencé à copier ce tableau sur 4 feuilles, on voyait les Iraniens qui lançaient des roquettes sur Israël, et les défenses anti-aériennes qui tiraient sur les roquettes. C’était à peu près la même image. Loth et sa famille ont connu la fin du monde, ils y ont survécu, et après il va encore se passer des horreurs. Tout cela est très actuel. La peinture flamande du 16e siècle est une peinture complètement psychotique, parce que les gens ont vécu des horreurs, ils ont pensé des horreurs, et tout cela se stratifie dans ces tableaux très précis et très dramatiques qui sont peints à la peinture à l’huile sur bois.

Georges de La Tour est assez différent. Il est Lorrain pendant la guerre de Trente ans, donc lui aussi a vu des horreurs. Et il fait des tableaux très méditatifs, très introspectifs que je trouve magnifiques. Il a fait trois versions de la Madeleine à la veilleuse, c’est une histoire tirée du Nouveau Testament mais ce n’est pas ça qui m’intéresse. J’ai vu la version du Louvre, très souvent. J’ai vu une fois la version de New York. Mais la version de Washington, jamais. Alors je l’ai copiée avec les documents dont je disposais, pour la voir. Et tant qu’à faire j’ai copié aussi les deux autres, pour savoir à quoi ressembleraient les trois accrochées sur le même mur.

Quand je peins un tableau comme ça, je suis dans le présent de la peinture. Je suis dans le temps post-historique. Je parle au présent : purée, il est fort le collègue. Il a combien de pigments différents ? Je parle à La Tour aussi : tu as fait exprès que ton gros livre ressemble à une pierre taillée ? Ce n’est pas tant un travail de peinture qu’un travail d’analyse et de dialogue. Pour moi, je réalise simplement mon travail de spectateur, mais je le fais mieux et plus longtemps avec les pinceaux à la main.

Et à la fin, j’ai trois copies qu’un étudiant d’école des beaux-arts de Pékin aurait fait bien mieux que moi. Alors qu’est-ce que j’en fais, maintenant ? J’ai eu une idée, et c’est de cette idée que je voudrais qu’on discute. J’ai voulu tester la résistance de ces tableaux. Je me suis dit, je pourrais tirer sur l’un, brûler le second, attaquer le troisième à coups de hache… Vous vous souvenez, en 2015 des terroristes ont tiré dans le musée du Bardo, en Tunisie, il y a eu 24 morts. Un peu plus tard on a eu des morts en France, dans un contexte de culture aussi, ce n’est pas un hasard. Comme je connais un tireur sportif, très compétent, médaillé, qui s’appelle Benoît Ruiz, je lui ai demandé s’il pouvait tirer sur ces tableaux à l’arme automatique.

Ce n’est pas évident du tout. On est dans un champ de tir, très sécurisé et surveillé. Si j’ai le droit d’être là, c’est qu’on a vérifié mes antécédents judiciaires. On n’a pas le droit de tirer en rafale. Et normalement on n’a pas le droit de tirer sur une cible à forme humaine. Il y a eu une exception ici parce que c’est un projet artistique. Et Benoît Ruiz m’a demandé où il fallait qu’il tire, parce qu’il est à 50 mètres de distance et qu’à 50 mètres il atteint n’importe quel point que je lui désigne. Alors c’est devenu –et ça m’a troublé- une continuation de l’acte de peinture : je lui demandais de tirer dans les zones noires, bouchées, pour les animer un peu. J’ajoute que je déteste les armes à feu, cet environnement du champ de tir est pour moi très stressant. Mais c’est aussi un milieu où les gens regardent, se concentrent… Ce n’est pas la méditation esthétique devant une œuvre d’art, mais ça y ressemble quand même.

J’avais déjà travaillé avec Benoît Ruiz sur un autre projet qui consistait à tirer sur un tableau qui représentait une arme du far west, un colt 45 de 1860, avec l’arme la plus proche possible. Ça a été dans ce cas une réplique d’un Remington de 1863, pour laquelle il faut fabriquer soi-même ses munitions, c’est-à-dire faire fondre du plomb pour fabriquer des petites sphères de calibre 11,43mm qui, selon la quantité de poudre qu’on met ensuite dans le logement du barillet, peuvent transpercer une épaisse planche de bois à 500 mètres de distance. Ce sont des armes effroyables, dont le maniement est très difficile, mais le résultat, sur mes tableaux, ce sont des petits trous bien nets qu’on croirait faits à la perforeuse. Vous ressentez peut-être qu’il n’y avait rien de viscéral dans les tirs : c’était une sorte de jeu intellectuel entre l’arme réelle et sa représentation, un peu à la Magritte : ceci n’est pas un revolver.

Maintenant je souhaite vraiment vous entendre, parce que le sens des trois copies de Georges de La Tour m’échappe, lui, à peu près complètement. Qu’est-ce que ces tableaux racontent ? Et comment les ressentez-vous ? Et sur qui, en définitive, a-t-on tiré ?

mardi 15 octobre 2024

INAUGURATION

Voilà, ça s'installe, dans un mois j'inaugure sur 2 jours la nouvelle adresse libournaise de l'atelier.
 

mardi 8 octobre 2024

INSPIRATION



 Nouvelle serviette de plage au motif du tableau de Nicolas Poussin, "L'inspiration du poète", drapée et tendue autour de Didier Vergnaud lors de notre concert au Frac Nouvelle-Aquitaine ce 6 octobre 2024.

samedi 20 juillet 2024

SINGES PEINTRES




 Trois copies à l'huile sur isorel d'après :

-Jean Siméon Chardin

-Jean-Baptiste Deshays

-Alexandre Gabriel Decamps

MOULIN DE CONSTANCE





 Exposition au Moulin de Constance à Pons (Charente Maritime) en compagnie de Marc Ronet et de Cédric Carré : trois peintres du Nord invités par François des Ligneris.

vendredi 28 juin 2024

CHARDONNERET


 Sur une petite chute de bois ramassée au Moulin de Constance, j'ai copié à l'huile le Chardonneret de Carel Fabritius. Il doit être à peu près à la taille de l'original. 

J'ai beaucoup aimé le roman de Donna Tartt, qui imagine comment le petit panneau de bois survit à un attentat terroriste et sert de caution à des deals de stupéfiants à une échelle colossale.

Au Mauritsuis (La Haye), le tableau rayonne de l'autorité des chefs-d'oeuvres reconnus. Il est accroché à côté de la Jeune fille à la perle de Vermeer.

En le copiant j'essaie de lui rendre sa matérialité nue : un morceau de bois avec de la couleur dessus.

Il supporte très bien la lumière directe du soleil.

samedi 11 mai 2024

FACETTES




 J'ai peint ces 8 autoportraits en 2018, à l'huile sur isorel. On m'y voit lire des livres qui ont été importants pour moi, en particulier "Histoires de prix Nobel" de Braco Dimitrijević.

C'était l'hiver, il faisait 6 degrés dans l'atelier. Il y avait pas mal de tremblotements non désirés dans ces peintures où je recherchais plutôt une touche décidée inspirée du réalisme socialiste. Mon ambition reste de représenter le travail intellectuel comme Alexandre Deïneka a représenté le travail ouvrier.

Après quelques mois j'ai découpé les parties faibles, comme on creuse une pomme pour en retirer les parties gâtées.

Et ce mois-ci, six ans après, je me suis décidé à les coller sur châssis et à les présenter ensemble. Les chevauchements donnent à l'ensemble un petit aspect cubiste, comme quoi la modernité s'invite quand on n'y pense plus.


dimanche 7 janvier 2024

FASCISME ET CULTURE



 Une courte aventure de 8 pages emmène le DR IDEA en résidence dans un établissement scolaire, le collège Drieu-La-Rochelle à Hénin-Belle-Motte. Dans cet établissement privé hors contrat, le directeur (et cadre du Rassemblement National) prône une conception de l'art et de l'éducation qui pourrait ne pas plaire au DR IDEA...


Réalisé par Philippe Baryga et Michaël Lilin en décalquant la BD Dr Justice par Jean Ollivier et Raffaele Carlo Marcello. Si vous êtes les ayant-droits de ces éminents artistes, merci de me contacter.