dimanche 12 juin 2016

SOUS LA TENTE







Ce que j'ai beaucoup aimé, dans cette première exposition bordelaise, c'était la possibilité de regarder les visiteurs derrière une vitre, ce qui mettait en évidence qu'ils étaient partie intégrante de l'accrochage.
Les cahiers d'aquarelles ont eu beaucoup de succès, les Manifestes aussi (feuilletables en intégralité pour la première fois). La peinture... On en a moins parlé. Intéressant.

mardi 7 juin 2016

ARTEFACTS

L’exposition ressemble à l’organisation d’objets disparates, et c’est précisément ce qu’elle est : une envie de sortir, littéralement, des « fonds de tiroirs », des petites choses retrouvées à l’occasion d’un déménagement.
Pas si disparates que cela, cependant, puisque leur présence raconte en filigrane l’évolution, sur une quinzaine d’année, du travail de Philippe Baryga. Anti-monumental, anti-professionnel, ce travail s’accroche à l’identité culturelle et à l’histoire familiale de son auteur.
Amateur de peinture flamande des XVIe et XVIIe siècles, Philippe Baryga fonde la RUBENSHUIS 2 (la première « maison de Rubens » se trouvant à Anvers) à Lille en 2003 ; Rubens est le second prénom de son fils, né la même année : l’appellation n’est pas totalement usurpée.
L’idée générale est de faire de la peinture selon les anciens préceptes flamands : produire des images à la fois profondes et facilement compréhensibles, revendiquer un certain artisanat, favoriser les collaborations. L’anachronisme est revendiqué, mais il s’y mêle un intérêt réel pour la théorie de l’art, à l’instar des artistes conceptuels, autant que pour la musique punk (autre pratique collaborative, incarnée par le trio Los Pombos).

Après une très féconde activité de partenariat pictural avec ses deux enfants, durant 7 ans, Philippe Baryga reprend une activité en solo, privilégiant la linogravure, dans un langage visuel empruntant autant au graphisme punk qu’aux affiches contestataires. Il commence à peindre sur bois ; ces panneaux deviennent des pancartes, ou des tables. Après avoir copié un imposant tableau de chasse d’Oudry (peintre du XVIIIe siècle) pour accomplir ce qu’il estime être « son travail de spectateur », Philippe Baryga envisage une conception de l’art capable d’impliquer davantage le regardeur : « l’art est usage », revendique-t-il.
C’est pourquoi sa première exposition bordelaise propose des objets à manipuler, des albums à feuilleter, des « manifestes » à lire ; l’ensemble constitue un petit cabinet d’amateur, dont les limitations, spatiale (3 mètres sur 3) et temporelle (une seule journée), permettent au spectateur
d’envisager sereinement de bien y faire son travail.